Les techniques traditionnelles d’assainissement sont très performantes, mais elles ont un inconvénient important : elles prennent beaucoup de place.

C’est pourquoi de plus en plus de particuliers et de professionnels sont à la recherche d’un système d’assainissement sans épandage, pour gagner de la place et retrouver une partie de leur jardin.

Nous vous proposons aujourd’hui de comprendre et d’étudier quelles sont les solutions qui s’offrent à vous.

Assainissement sans épandage

Petit rappel des lois sur l’assainissement non collectif

Dans le domaine de la gestion des eaux usées, plusieurs textes de lois, arrêtés et règlements fixent le droit en la matière.

Promulguée le 30 décembre 2006, la loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA), a entériné deux avancées majeures : la reconnaissance du droit à l’eau pour tous et la prise en compte de l’adaptation au changement climatique dans la gestion des ressources en eau.

La loi portant engagement national pour l’environnement du 12 juillet 2010 (ou “Grenelle 2”) vient compléter l’arsenal juridique existant. Elle détaille les dispositions relatives à l’assainissement et aux ressources en eau.

Enfin, les arrêtés du 7 mars 2012 et du 27 avril 2012 spécifient plusieurs éléments :

  • la mise en conformité des installations neuves avec la réglementation ;
  • la réhabilitation prioritaire des installations existantes qui présentent un danger pour la santé des personnes ou un risque avéré pour l’environnement.

Afin de contrôler les installations d’assainissement non collectif, les pouvoirs publics ont créé une autorité dédiée : le service public d’assainissement non collectif, SPANC. Ce service est assuré par les communes. Le SPANC vérifie et identifie les installations qui pourraient représenter un danger pour la santé et l’environnement.

À quoi sert un épandage ?

La première question à se poser est de savoir quelle est l’utilité d’un épandage dans les installations traditionnelles.

L’épandage est en charge du traitement des eaux usées. Il effectue ce traitement grâce aux pouvoirs filtrants du sol est des bactéries qui y vivent.

Mais les eaux usées doivent d’abord avoir été prétraitées, grâce à la fameuse fosse septique. Dans la fosse septique, les matières solides en suspension dans les eaux se décantent au fond de la fosse et forment des boues, qui devront être vidangées périodiquement. Des bactéries présentes dans la fosse commencent aussi une partie de traitement.

Traditionnellement, ces eaux sont ensuite déversées dans l’épandage. Elles y subiront un double traitement :

  • Traitement physique : filtration par le sol
  • Traitement bactérien : épuration grâce aux bactéries s’y développant.

L’épandage sert donc à épurer totalement les eaux. Il prend beaucoup de place car il utilise le pouvoir du sol, et nécessite par exemple de creuser des tranchées dans lesquelles seront réparties les eaux.

Les différents types d’épandage

Plusieurs solutions sont disponibles, dont voici quelques exemples :

Les tranchées d’épandage

Si vous deviez choisir un système d’assainissement constitué d’une fosse toutes eaux avec épandage, c’est le meilleur système à mettre en place.

Il y a deux raisons à cela, la première étant d’ordre technique, tandis que la seconde est d’ordre financier.

En effet, ce système nécessite des travaux de terrassement moindre et offre une durée de vie allongée par rapport aux autres systèmes d’épandage. C’est aussi le procédé le plus économique, étant donné que la filière complète coûte environ 3 500 à 6 000 euros.

Seul bémol, les tranchées d’épandage requièrent un sol parfaitement perméable à l’eau.

Le filtre à sable

Il est aussi envisageable de mettre en place un filtre à sable, également appelé lit filtrant.

Il consiste à réaliser une reconstitution artificielle du sol, en creusant un trou d’environ 5m x 5m sur une profondeur de 1,30m. Le trou est ensuite rempli de sable spécial, dont la granulométrie est bien déterminée pour permettre de drainer la surface supérieure du sol.

Des bactéries épuratrices, qui se déposent au niveau de ce sable assure l’élimination des matières polluantes dans les eaux.

Comparé aux tranchées d’épandage, ce système a une emprise au sol plus réduite. Cependant, son coût peut aller de 4 500 jusqu’à 8 000 euros.

Le tertre d’infiltration

Là encore, le principe consiste à reconstituer artificiellement le sol pour obtenir une sorte de taupinière hors-sol. Ce système s’avère toutefois peu esthétique, sans compter que son coût d’installation oscille entre 7 000 à 11 000 euros.

De plus, le tertre d’infiltration requiert toujours la mise en place d’une pompe de relevage en sortie de la fosse toutes eaux afin d’acheminer les eaux usées vers le sol reconstitué.

Peut-on encore installer un tel système pour l’assainissement non collectif ?

Dans certains cas, la loi peut encore autoriser la mise en place d’une fosse toutes eaux avec épandage.

Pourtant, et pour de nombreuses raisons, il est plus préférable d’installer un système compact.

D’une part, vous devez choisir le volume de la fosse toutes eaux avec attention.

En général, le volume de la cuve est de :

  • 3 m3 pour une maison de moins de 5EH,
  • 4 m3 pour une maison de 6 EH,
  • 5 m3 pour une maison de 7 EH.

Mais n’oubliez pas que ce dispositif doit aussi se conformer à certaines conditions réglementaires.

Sachez alors que l’épandage doit avoir une surface de :

  • 60 m² minimum pour une maison de 5 pièces. Rajoutez 20 m² pour chaque pièce supplémentaire.
  • Le lit d’épandage peut avoir une longueur jusqu’à 30 mètres et s’étendre sur une largeur de 8 mètres.
  • Le sol en place doit être aménagé de manière à permettre la pose des tuyaux d’épandage par-dessus un lit de gravier d’environ 30 à 40 centimètres. De plus, les tuyaux d’épandage doivent être recouverts d’un film géotextile, puis d’environ 20 centimètres de terre.
  • La longueur des tuyaux peut par ailleurs aller de 100 à 150 mètres en fonction de la taille de la maison.

Autrement dit, vous devez donc vous préparer à des grands travaux de terrassement et de raccordement en choisissant un système avec épandage.

Si malgré tout, vous décidez d’installer un tel système, ayez donc le réflexe de vérifier que vous avez le droit d’en faire poser un.

Comment remplacer un assainissement sans épandage ?

Vous l’avez donc compris, pour pouvoir remplacer l’épandage, il faut tout simplement s’affranchir de l’épuration par le sol.

Bien sûr, il existe des méthodes d’assainissement qui n’utilisent pas le pouvoir épuratoire du sol, et qui permettent donc d’envisager un assainissement sans épandage.

On imagine bien, par exemple, que les municipalités n’utilisent pas des épandages gigantesques pour épurer les eaux usées des grandes agglomérations.

En réalité, les stations d’épuration reliées au tout-à-l’égout, que nous visitions enfants, utilisent un système d’épuration bactérien.

La micro-station d’épuration

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Source : Tricel

Justement, la première solution pour un assainissement sans épandage est de répliquer ce fonctionnement des stations d’épuration municipales, mais à l’échelle d’un logement.

C’est exactement ce que veut faire la micro-station d’épuration, un dispositif très en vogue depuis quelques années, et on comprend facilement pourquoi !

Une micro-station d’épuration épure les eaux usées grâce à un seul traitement bactérien. Il s’agit d’un dispositif tout-en-un (une seule enveloppe) très compact.

L’enveloppe comprend trois cuves dans lesquelles voyagent les eaux usées pour leur épuration.

La première a la même fonction de pré-traitement qu’une fosse septique. La seconde sert à traiter les eaux usées grâce à des bactéries cultivées dans la cuve. Enfin, la troisième sert à clarifier les eaux en ajoutant une phase de décantation finale.

Un des principaux inconvénients de la micro-station est sa consommation électrique. Il faut s’attendre à payer 30 à 50€ d’électricité par an, en fonction des modèles, rien que pour la micro-station. C’est aussi cette consommation qui la rend interdite en résidence secondaire.

Mais elle a de nombreux avantages :

  • Compacité (5 à 10 fois moins de place qu’un épandage – 5 m² pour 6 EH)
  • Très bonnes performances
  • Entretien facile mais régulier
  • Installation très rapide (1 à 2 jours de travaux maximum)

Le filtre compact

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Source : Tricel

Deuxième solution pour un assainissement sans épandage : le filtre compact. Le filtre compact est composé de deux entités différentes, et donc de deux cuves, ce qui le rend moins compact que la micro-station :

  • Une fosse septique
  • Un massif filtrant

Après leur passage dans la fosse septique, les eaux usées sont acheminées vers le massif filtrant.

Dans le massif filtrant se trouve un matériau, que l’on appelle le média, qui va servir, comme dans un épandage, à épurer les eaux de deux façons :

  • Par traitement physique (filtration des eaux)
  • Par traitement bactérien

On peut utiliser beaucoup de matériaux différents pour le média, mais ces dernières années la tendance est à la valorisation de déchets végétaux :

  • Fibre de coco
  • Ecorce de pin
  • Coquilles de noisette
  • Copeaux de coco
  • Etc.

Un filtre compact ne consomme pas d’électricité, mais est légèrement plus encombrant qu’une micro-station.

Cela dit, il prend toujours beaucoup moins de place qu’un épandage, mais comptez tout de même 7 à 8 m² pour 5 EH.

La phytoépuration (filtre planté)

Bien qu’elle ne soit pas la solution la plus adaptée pour tout type de logement, il convient de l’intégrer dans notre liste de solutions d’assainissement sans épandage.

Cette filière est agréée depuis peu. Le principe consiste à reconstituer un marais, mais en version miniature. Les bactéries épuratrices sont alors hébergées sur les rhizomes et les racines des plantes aquatiques, cultivés sur des graviers.

  • Le principal avantage du filtre planté est qu’il s’intègre parfaitement dans un ensemble paysager.
  • Le procédé de phytoépuration peut faire office de dispositif d’assainissement à part entière. Ceci signifie que vous avez la possibilité de ne pas installer une fosse toutes eaux en amont de la filière.
  • L’entretien est limité (désherbage tous les 2 ans, coupe des plantes après les premières gelées et enlèvement de la couche superficielle de compost tous les 10 à 15 ans).
  • Enfin, cette filière d’assainissement ne génère pas de boues.

En termes d’emprise au sol, ce système est aussi peu contraignant. Il est vrai que la surface nécessaire est plus importante comparée à celle de la micro-station ou du filtre compact. Toutefois, cela tourne autour de 20 m² pour une maison de 5 EH, avec rajout de 2 à 4 m² par habitant supplémentaire.

Comment choisir le système d’assainissement compact pour votre logement ?

Il parait donc évident de mettre en place un système d’assainissement compact pour réduire le coût d’installation de votre système d’assainissement et surtout pour économiser votre jardin.

Comme vous l’avez constaté, les systèmes d’assainissement non collectif peuvent prendre de multiples formes.

Reste donc à choisir le dispositif idéal pour votre logement, et ce n’est pas une mince affaire.

En effet, avant d’opter pour une micro-station, un filtre compact ou un filtre planté, il faut vous référer aux textes législatifs qui régissent l’assainissement en France.

D’autres éléments doivent aussi être pris en compte :

  • la nature du sol (perméabilité, pente, sensibilité du milieu récepteur, présence de nappe phréatique, etc.),
  • le dimensionnement exact du dispositif (pour ce faire, il faut se baser sur capacité d’accueil du logement et sur son taux d’occupation),
  • la surface du terrain disponible,
  • la technologie adaptée (système mono-cuve ou bi-cuve, micro-station à culture fixée ou à boues activées, etc.).

Le mieux serait donc de demander conseil à un professionnel de l’assainissement. Si vous n’en connaissez pas un, sachez que le SPANC met à votre disposition un annuaire dans lequel tous les spécialistes agréés dans votre région sont référencés.

Les démarches pour la mise en place d’une station compacte

Depuis le choix du dispositif jusqu’à sa première mise en marche, vous devez suivre des procédures bien définies.

1 – Réaliser une étude de sol

Comme nous venons de l’évoquer, il est fortement recommandé de faire faire une étude de la filière par un spécialiste. Le coût de cette opération est à votre charge.

Le but est de déterminer exactement le modèle d’assainissement à mettre en place, sa capacité et le devis estimatif pour sa réalisation.

2 – Déposer une demande de conception de la filière

Une fois le projet bien défini, vous allez déposer à la mairie le rapport de l’étude de la filière et remplir un formulaire de demande de conception de l’assainissement individuel.

3 – Validation du SPANC

Une fois déposé, votre projet d’assainissement sera vérifié par le SPANC. Si cette institution juge qu’il est conforme à la réglementation, ce service vous remettra une autorisation dénommée « rapport de contrôle de conception». Vous pouvez alors commencer les travaux.

4 – Mise en œuvre des travaux

Avant le remblaiement du dispositif, vous devez encore aviser le SPANC. Ce service va donc envoyer un délégataire pour contrôle le bon achèvement des travaux. Si c’est le cas, il va délivrer un certificat de conformité attestant que les travaux ont été réalisés dans les normes.

Attention : Les deux contrôles du SPANC feront l’objet d’une redevance.

Quelle solution en absence de terrain pour l’assainissement ?

Installer un assainissement sans épandage s’avère donc une excellente solution pour un logement avec un petit jardin.

La question est maintenant de savoir : la loi vous autorise-t-elle à ne pas mettre en place un système d’assainissement lorsque vous n’avez même pas un petit bout de terrain ?

C’est sans appel ! Du moment que votre logement n’est pas relié au tout à l’égout, vous êtes obligé de mettre en place un système autonome pour traiter vos eaux usées domestiques.

Mais alors, que faire ?

Dans ce cas précis, la micro-station hors-sol est la solution d’excellence. D’ailleurs, c’est la seule solution recommandée par les pouvoirs publics pour être installée dans cette configuration, c’est-à-dire pour être posée dans un garage, un hangar ou un sous-sol.

Cette filière ne nécessite pas d’épandage et permet de rejeter directement les eaux traitées dans la nature. Il suffit donc de construire un mur de soutènement à l’intérieur duquel le système sera installé, puis recouvert de sable.

Quelques astuces pour financer les travaux

Pour installer un système d’assainissement sans épandage, ou bien pour remettre aux normes une filière traditionnelle avec un tel dispositif, vous pouvez bénéficier :

  • des aides fournies par l’ANAH (Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat),
  • d’un abattement de la TVA à 10 %,
  • du prêt de la CAF (Caisse d’Allocation Familiale) ou de la caisse de retraite.

Il existe également une autre aide appelée « éco-prêt à taux zéro ». Il s’adresse aux propriétaires souhaitant réhabiliter leur dispositif d’assainissement collectif, à condition que celui-ci ne consomme pas d’énergie.

À noter que certaines de ces aides sont également possibles pour l’installation des filières traditionnelles telles qu’une fosse toutes eaux avec épandage, un filtre à sable, etc. N’oubliez pas toutefois qu’elles sont toutes soumises à certaines conditions.

Conclusion

L’assainissement sans épandage est une réalité, et c’est un marché en pleine expansion.

Les dispositifs permettant de s’affranchir d’un épandage sont plus chers à l’achat mais nécessitent beaucoup moins de travaux que l’installation d’une filière traditionnelle, ce qui les rend souvent moins chers si l’on considère tous les postes de dépense !