
Malgré sa place centrale dans le mix énergétique français, l’hydroélectricité reste aujourd’hui sous-exploitée. En 2024, elle a représenté 13,92 % de la production d’électricité en France, soit 74,7 TWh, faisant d’elle la première source d’énergie renouvelable du pays. Les barrages offrent en plus un avantage crucial : leur capacité de stockage permet de réguler l’approvisionnement électrique, un rôle que ne peuvent pas jouer les énergies intermittentes comme le solaire ou l’éolien. Pourtant, les investissements nécessaires à la modernisation et au développement du parc sont freinés depuis plus de vingt ans par un conflit juridique avec la Commission européenne.
Au cœur du blocage : le régime des concessions, qui impose aux exploitants de remettre en concurrence leurs installations arrivées à échéance. Cette exigence européenne empêche EDF et les autres concessionnaires de planifier des travaux de long terme sans passer par des appels d’offres, souvent complexes. Alors que 61 concessions arrivent à échéance d’ici fin 2025, l’incertitude grandit quant à l’avenir de leur gestion et des investissements à engager. Le gouvernement français tente de sortir de l’impasse en plaidant pour un passage au régime d’autorisation, plus souple, permettant d’investir sans remettre systématiquement les ouvrages en jeu. Les députés Battistel et Bolo proposent également d’exclure l’hydroélectricité de la directive européenne sur les concessions, une réforme qui pourrait cependant prendre plusieurs années.
Pourtant, les performances de l’hydroélectricité en 2024 montrent qu’un relèvement de son exploitation est non seulement possible, mais urgent. Portée par des précipitations abondantes en hiver et au printemps, la production des barrages a connu une hausse spectaculaire en 2024, dépassant largement les niveaux des années précédentes. Cette progression a renforcé de manière décisive la part d’électricité bas carbone dans le mix français, désormais à un niveau inédit de 95 %. Dans un contexte de transition énergétique et de changement climatique, débloquer ce potentiel devient un enjeu national.