À l’heure de la transition énergétique et de la lutte contre la pollution et le réchauffement climatique, les dispositifs écologiques sont à l’honneur, quel que soit le domaine.

Mais dans le secteur de l’assainissement, qu’est-ce que cela signifie ? Nous vous proposons de faire le tour des différentes solutions pour l’assainissement non collectif écologique.

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Les filières

Les systèmes d’assainissement sont rangés en deux catégories : les filières traditionnelles, et les filières agréées.

Filières traditionnelles

De nos jours, le Service d’Assainissement non collectif (SPANC) peut encore préconiser la mise en place des filières traditionnelles. Celles-ci restent donc présentes dans le paysage de l’assainissement.

Comme leur nom l’indique, les filières traditionnelles sont des solutions traditionnellement utilisées pour épurer les eaux usées des logements non reliés au tout-à-l’égout. Elles sont généralement constituées d’une fosse toutes eaux et d’un système d’épandage. Le rôle de la fosse toutes eaux (FTE) est de séparer les liquides des solides avant le traitement de l’eau avec le sol en place.

À leur sortie de la FTE, les effluents domestiques passent dans un sol reconstitué qui fait office de dispositif de traitement secondaire.

Pour traiter les eaux par le sol en place, on peut utiliser différents types de dispositifs comme :

  • Le filtre à sable,
  • Le lit d’épandage,
  • Le tertre d’infiltration

Le filtre à sable

Installer un filtre à sable consiste à remplacer le sol naturel par un sol constitué de graviers et de sable siliceux.

Quand l’utiliser ?

Ce dispositif est utilisé au cas où le sol en place ne pourrait pas infiltrer correctement les eaux. Il convient également aux logements qui ne disposent pas d’une très grande parcelle pour installer un lit d’épandage.

Pour retenir et éliminer les éléments polluants dans les eaux, celles-ci vont passer à travers les graviers qui disposent des granulométries élevées vers le sable, avec des granulométries fines.

Attention : Il ne faut pas installer une voirie, un bâtiment, ou une plantation au dessus d’un filtre à sable. C’est d’ailleurs l’inconvénient de ce genre d’installation. Il faudra également prévoir une surface de plus de 100 m2 pour l’installer. De plus, le dispositif peut se colmater progressivement au fil des années.

Enfin, en fin de vie du filtre, après 15 à 20 ans, il faut remplacer le sable souillé ou bien condamner la parcelle : réfléchissez bien avant de vous engager !

Le lit d’épandage

Un lit d’épandage fonctionne de la même manière que la tranchée d’épandage, à la seule différence qu’il est moins profond et plus large.

Quand l’utiliser ?

Ce système d’épuration des eaux est à recommander en présence de sols sableux. Assurez-vous également d’avoir un terrain suffisamment perméable pour permettre à l’eau de s’infiltrer correctement dans le sol.

Pour disperser les eaux vers le sol en place, il faut installer des tuyaux perforés dont les orifices sont tournés vers le bas. Ce système de canalisation est posé sur des graviers d’une épaisseur de 30 à 40 cm. Ce lit d’épandage est ensuite recouvert d’un géotextile, puis de terre végétale. Les eaux elles sont épurées grâce à des micro-organismes présents naturellement dans le sol reconstitué.

Attention : un lit d’épandage peut nécessiter une surface disponible d’environ 200 m² et la pente du terrain ne doit pas excéder 5 %.

Le tertre d’infiltration

Comme alternative, vous pouvez aussi mettre en place un tertre d’infiltration. En quelque sorte, c’est un filtre à sable installé au-dessus du sol. Seule, une partie du système d’épandage sera donc enterrée. En cas de besoin, il est même envisageable de faire une pose hors sol du tertre d’infiltration.

Quand l’utiliser ?

Ce dispositif est à recommander lorsque la surface disponible ne peut pas accueillir les autres systèmes énoncés ci-haut. C’est aussi la solution à adopter lorsqu’une nappe phréatique se trouve trop près du terrain naturel ou lorsque la nappe est à moins de 80 cm de profondeur.

Des tuyaux d’épandage assurent la répartition des eaux usées dans le tertre. Celles-ci vont s’infiltrer progressivement dans une couche de graviers, puis dans couche de sable. C’est ce qui permet de les épurer.

Les eaux dépourvues de matière polluante peuvent être relâchées dans le milieu naturel lorsqu’elles arrivent au fond du système d’épandage.

Attention : un tertre d’infiltration nécessite une surface disponible d’au moins 120 m².

Il est vrai que les filières traditionnelles avec épandage sont encore acceptées par le SPANC et qu’elles affichent des rendements épuratoires corrects. Néanmoins, elles nécessitent une grande emprise au sol et des travaux d’assainissement importants. De plus, la plupart des fabricants de systèmes d’assainissement proposent actuellement des dispositifs performants et très compacts. Ce sont les filières agréées.

Filières agréées

Les filières agréées doivent recevoir un agrément ministériel avant leur commercialisation, ce qui leur donne leur nom.

Cet agrément sert à certifier que le dispositif offre des performances épuratoires conformes à la réglementation en vigueur.

En effet, les filières agréées regroupent des dispositifs relativement récents, comme les micro-stations d’épuration et les filtres compacts. Il est donc nécessaire de s’assurer qu’ils respectent la réglementation.

Il serait très simple que certaines filières soient plus écologiques que d’autres, mais ce n’est pas forcément le cas.

La micro-station d’épuration

La micro-station est un dispositif individuel destiné à traiter les eaux usées domestiques, et ce, de façon autonome.

Contrairement aux anciennes fosses septiques, qui ne peuvent traiter que les eaux issues des toilettes, la micro-station peut épurer l’ensemble des eaux de votre logement. Son principe de fonctionnement est le même que celui d’une station d’épuration, grâce à la technologie « à boue activée » ou celle dite « à culture fixée ».

Quelle que soit la technologie choisie, la micro-station fait généralement appel à des microorganismes toujours présents dans les effluents domestiques pour détruire les matières organiques et polluantes qu’ils contiennent.

Pour épurer convenablement les eaux, les eaux vont donc passer par 3 phases essentielles, à savoir :

  • La décantation,
  • L’aération,
  • La clarification.

Ces différentes phases se déroulent dans 3 cuves différentes. Dans le bassin de décantation, les matières liquides sont tout d’abord séparées des matières solides. Une partie des éléments polluants sera donc digérée ou liquéfiée par des microorganismes anaérobies toujours présents dans les eaux.

Dans le second bassin, des bactéries aérobies sont alimentées en oxygène. Celles-ci vont se développer et éliminer les matières polluantes résiduelles dans les effluents.

Enfin, dans la troisième cuve, les eaux subissent une phase de décantation finale. Les eaux épurées peuvent ainsi être relâchées dans la nature.

La micro-station est actuellement une solution très prisée par les particuliers, dans la mesure où elle est très compacte (emprise au sol de moins de 10 m2). Les travaux de terrassement sont ainsi limités étant donné que le système d’épandage est déjà intégré dans le dispositif. Par ailleurs, cette filière offre un rendement épuratoire élevé.

Attention : Comme pour une fosse septique, les eaux de pluie ne doivent pas être traitées par la micro-station, au risque de perturber leur fonctionnement.

Le filtre compact

Par définition, un filtre compact n’est pas une solution de traitement des eaux usées à part entière puisqu’il ne peut pas assurer leur prétraitement. Pour assurer cette opération, il faut installer une fosse toutes eaux en amont. Certains fabricants proposent des filtres tout-en-un (avec décanteur intégré) afin d’optimiser la compacité.

Le filtre compact est une filière agréée par les ministères de la Santé et de l’Environnement. Pour compléter l’épuration des eaux par la FTE, il est équipé d’un média filtrant dont le rôle est semblable à celui de l’épandage pour les filières traditionnelles.

Le filtre contient un média filtrant qui joue deux rôles bien distincts : la rétention physique des matières polluantes et leur élimination via des bactéries. Ces bactéries n’ont pas besoin d’oxygène pour se développer et digérer les matières organiques résiduelles.

C’est là l’avantage de ce système comparé à une micro-station. En effet, cette dernière doit être alimentée en électricité pour faire fonctionner un compresseur qui alimente en oxygènes les bactéries épuratrices.

Une fois traitées par le filtre compact, les eaux dépolluées peuvent être déversées directement dans le milieu naturel.

Le filtre compact est en moyenne plus encombrant que la micro-station (emprise au sol d’environ 10m2), même si certains fabricants proposent des filtres avec la même emprise au sol que les micro-stationt.

Cependant, il est largement plus compact que les filières traditionnelles, ce qui vous permettra de libérer un espace précieux et valoriser votre jardin.

Qu’appelle-t-on l’assainissement non collectif écologique ?

La première question à se poser est la suivante : qu’est-ce que l’assainissement non collectif écologique ?

On peut trouver plusieurs caractéristiques à des installations d’assainissement écologiques :

  • Très bonnes performances épuratoires
  • Pas de consommation d’énergie
  • Respect de l’environnement (faune, flore, humains, etc.)
  • Le recyclage des matériaux utilisés dans le dispositif

On peut donc considérer que toutes les filières traditionnelles sont écologiques : elles ne consomment pas d’énergie, offrent de bonnes performances, et utilisent le pouvoir épuratoire du sol.

Mais que se passe-t-il du côté des filières agréés ?

Filières agréés

Au sein des filières agréées, on distingue trois types de dispositifs :

  • Micro-stations d’épuration
  • Filtres compacts
  • Filtres plantés

Comme nous l’avons déjà mentionné ci-haut, on peut éliminer les micro-stations de la liste des dispositifs en raison de leur consommation énergétique constante – quoi que les plus récentes stations SBR aient un niveau de consommation très correct.

Les filtres compacts et les filtres plantés utilisent presque le même type d’épuration. Nous pouvons donc les ranger dans la même catégorie.

On peut effectivement les compter dans la catégorie des systèmes écologiques puisqu’ils n’utilisent aucune forme d’énergie. Même mieux : certains fabricants de filtres compacts s’efforcent de valoriser des déchets végétaux comme média filtrant dans leurs filtres :

  • Fibre de coco
  • Coquilles de noisette
  • Écorce de pin
  • Xylit (déchet de l’extraction de la lignine, une fibre contenue dans le bois).

Qu’est-ce qu’un filtre planté ?

Vous savez désormais ce qu’est un filtre compact. Détaillons maintenant une autre alternative considérée comme écologique : le filtre planté.

Ce système d’assainissement fonctionne un peu différemment de la micro-station et du filtre compact. Il peut être utilisé aussi bien pour l’assainissement autonome que pour l’assainissement d’un lotissement, voire celui d’une ville entière.

Un filtre planté peut traiter vos eaux usées domestiques sans avoir besoin d’une fosse toutes eaux. Au lieu et place de cela, il utilise des fleurs ou des plantes qui sont avides des nutriments contenus dans vos effluents domestiques. Parmi ces végétaux, on compte par exemple :

  • Les roseaux,
  • Les massettes,
  • L’Iris,
  • Les scirpes,
  • Etc.

Ces plantes vont former un système de racines sur lesquelles des bactéries épuratrices vont se développer pour épurer biologiquement les eaux. De ce fait, les matières organiques vont subir un processus de minéralisation naturel et plus respectueux de l’environnement.

Parmi les autres atouts du filtre planté, c’est qu’il ne produit pas de boues. Nul besoin donc de procéder à des vidanges de votre système d’assainissement non collectif. De plus, le système ne dégage aucune odeur et l’eau épurée peut même servir à l’arrosage du jardin.

Notons que le filtre planté peut nécessiter un entretien plus fréquent. Toutefois, cette opération peut-être assimilée à de simples travaux de jardinage ou de désherbages.

Les entretiens de l’assainissement non collectif

Comme tout autre équipement, votre dispositif d’assainissement doit être entretenu. Cela rallonge sa durée de vie et permet de le garder en bon état de marche.

En règle générale, l’entretien consiste à :

  • Vérifier régulièrement que les eaux usées s’écoulent correctement depuis votre logement jusqu’au dispositif d’assainissement,
  • Nettoyer périodiquement les pré-filtres et les regards s’ils existent,
  • Contrôler l’état des systèmes de ventilation,
  • Vidanger la fosse septique et le bac à graisse en cas de besoin,
  • Etc.

Sachez qu’il est possible de déceler un éventuel dysfonctionnement de votre système afin que vous puissiez y remédier rapidement. Cela permet d’éviter que les petites pannes n’entrainent pas d’autres dommages plus graves.

Ainsi, veillez à vérifier régulièrement que tous les regards sont accessibles en permanence. Dès que vous constatez une fuite ou une odeur inhabituelle, ou lorsque le système de ventilation est bouché, n’hésitez pas à faire appel à un professionnel pour régler le problème.

Les contrôles du SPANC

La loi sur l’eau de décembre 2006 précise que votre système d’assainissement doit être contrôlé régulièrement par le SPANC. Le but est de s’assurer du bon entretien et du bon fonctionnement de vos installations. Cela doit généralement se faire tous les 4 à 10 ans.

Lors de ces contrôles, si le délégataire du SPANC constate que votre dispositif d’assainissement n’est pas conforme aux réglementations en vigueur, il peut vous obliger à le remettre aux normes. Toutefois, si celui-ci ne provoque aucune nuisance ni danger pour la santé et l’environnement, s’il fonctionne correctement et a été régulièrement entretenu, sa réhabilitation peut être exigée, mais pas dans l’urgence. Vous disposez généralement de 4 ans pour réaliser les travaux. Ce délai peut toutefois être ramené à 1 an au cas où vous envisageriez de vendre votre logement.

Si vous ne respectez pas ces délais, vous vous exposez donc à certaines sanctions. Le SPANC peut par exemple augmenter la fréquence de ses visites de contrôle. À noter que chaque visite sur terrain peut vous coûter plus d’une centaine d’euros. Si votre dispositif risque de nuire à la santé et à l’environnement, ce service pourrait même vous forcer à réaliser des travaux d’office dont les coûts seront à votre charge.

Besoin d’installer un système d’assainissement écologique ?

En choisissant une filière écologique, sachez que vous pouvez bénéficier de nombreuses aides et subventions de la part de l’État. Évidemment, celles-ci n’ont pas été conçues pour couvrir l’ensemble des coûts nécessaires pour la mise en place ou la réhabilitation de votre système de traitement des eaux usées. Toutefois, elles vous permettront de réduire le coût total de votre projet d’assainissement.

Les aides de l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH)

L’agence nationale d’aide à l’habitat peut subventionner une partie du cout de votre système d’assainissement autonome dans la mesure où il est conforme et que le montant ne dépasse pas 50 % du coût total du projet. Ce soutien financier est plafonné à 50 000 euros.

Vous l’avez surement compris, ce soutien financier est notamment avantageux pour les travaux d’assainissement de grande envergure.

L’aide des CAF (Caisses d’allocations familiales)

La CAF peut également vous faire bénéficier d’un prêt à l’amélioration de l’habitat, à condition que vous perceviez une prestation familiale. Le montant de ce prêt peut représenter jusqu’à 80 % de celui des travaux à réaliser. Il est remboursable sous 36 mois, avec un taux d’intérêt de 1 %. Les aides de la CAF sont plafonnées à 1 050 euros.

Les aides de L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie)

Pour l’ADEME, les aides se présentent sous forme d’éco-prêt à taux 0 %, pour un montant maximum de 10 000 euros. Ce prêt est cumulable avec les subventions précitées et il est remboursable sur une période de 3 à 10 ans.

La TVA à 10 %

Lors de la réhabilitation de votre système d’assainissement, vous pouvez encore bénéficier d’une aide sans condition de ressources. Il s’agit de la réduction du taux de la TVA à 10 %. Pour obtenir cette aide, il faut toutefois que votre logement soit achevé depuis plus de deux ans et que les travaux soient réalisés par un professionnel agréé.

Conclusion

Si vous cherchez un dispositif d’assainissement non collectif écologique, et qu’il s’agit là de votre premier critère, vous pouvez vous diriger vers une filière traditionnelle.

Il faut toutefois noter que ces installations sont souvent plus chères que les filières agréées, pour des performances légèrement inférieures.

Du côté des filières agréées justement, vous pouvez sans aucun problème orienter votre choix vers un filtre compact. Son emprise au sol fiable, ses performances solides, sa facilité d’entretien sont autant d’atouts qu’il joue face à la concurrence. D’autant que, si vous choisissez le bon modèle, vous pourrez participer à la valorisation des déchets !